-
Par celano le 13 Juillet 2007 à 20:49
CHAPITRE 20
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>
DUNE TRÈS BELLE VISION QUE VIT UN JEUNE FRÈRE QUI AVAIT LE FROC EN TELLE ABOMINATION QUIL ÉTAIT DISPOSÉ A QUITTER LHABIT ET A SORTIR DE LORDRE.
<o:p> </o:p>
Un jeune homme très noble et raffiné entra dans lOrdre de saint François, et après quelques jours, à linstigation du démon, il commença à avoir lhabit quil portait en telle abomination quil lui paraissait porter un sac très vil ; il avait horreur des manches, abominait le capuchon, et la longueur et la rudesse de la tunique lui faisaient leffet dune charge insupportable. Son dégoût de lOrdre venant encore à croître, il se décida finalement à laisser lhabit et à retourner dans le monde.
Il avait déjà pris lhabitude, comme le lui avait enseigné son maître, à quelque heure quil passât devant lautel du couvent où lon conservait le corps du Christ, de sagenouiller avec grand respect, de tirer son capuchon et de sincliner les bras en croix. Il advint que cette nuit, où il devait partir et sortir de lOrdre, il lui fallut passer devant lautel du couvent ; en y passant, il sagenouilla et fit révérence selon lusage. Et subitement il fut ravi en esprit, et Dieu lui montra une merveilleuse vision ; car il vit passer devant lui, comme en procession, deux à deux, une multitude presque infinie de Saints, tous vêtus de très beaux et précieux vêtements de drap ; leur visage et leurs mains resplendissaient comme au soleil, et ils avançaient avec des chants et une musique angéliques. Parmi ces Saints il y en avait deux plus noblement vêtus et parés que tous les autres, et ils étaient environnés dune telle clarté quils donnaient à qui les regardait un très vif étonnement ; et presque à la fin de la procession il en vit un revêtu de tant de gloire quil semblait un nouveau chevalier, plus honoré que les autres. Et ce jeune homme voyant cette vision, sémerveillait et ne savait ce que cette procession voulait dire ; il navait pas la hardiesse de sen informer et il demeurait accablé de douceur.
Néanmoins, toute la procession passée, il prend enfin courage, court aux derniers et leur demande tout craintif : « O mes très chers, je vous prie quil vous plaise de me dire qui sont ces hommes si merveilleux qui forment cette procession vénérable. » Ceux-ci répondent : « Sache, mon fils, que nous sommes tous des frères Mineurs, qui venons à présent de la gloire du paradis. » Et il demande : « Qui sont ces deux qui resplendissent plus que les autres ? » Ceux-ci répondent : « Ce sont saint François et saint Antoine, et ce dernier-là que tu vois si honoré, est un saint frère qui mourut récemment : parce quil a combattu vaillamment contre les tentations et quil a persévéré jusquà la fin, nous le conduisons maintenant en triomphe à la gloire du paradis. Et ces vêtements de drap si beaux, que nous portons, nous sont donnés par Dieu en échange des rudes tuniques que nous avons portées patiemment dans lOrdre, et la glorieuse clarté que tu vois en nous, nous est donnée par Dieu pour lhumble pénitence, et pour la sainte pauvreté, lobéissance et la chasteté, que nous avons observées jusquà la fin. Cest pourquoi, mon fils, quil ne te soit plus pénible de porter le sac si fructueux de lOrdre, car si avec le sac de saint François, pour lamour du Christ, tu méprises le monde et mortifies la chair et combats vaillamment contre le démon, tu auras avec nous et comme nous pareil vêtement et clarté de gloire. »
<o:p> </o:p>
Et ces paroles dites, le jeune homme rentra en lui-même, et réconforté par cette vision, il chassa de lui toutes les tentations, et confessa sa faute devant les gardiens et les frères ; et depuis lors il désira lâpre rudesse de la pénitence et des vêtements, et il finit sa vie dans lOrdre en grande sainteté.
<o:p> </o:p>
A la louange du Christ. Amen.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique