•  

    Pauvreté, admiration et contemplation


    «Ce qui ternit trop souvent le regard que nous portons sur les êtres, c'est le désir, la volonté d'accaparer; nous voulons posséder des objets qui prennent à nos yeux leur valeur de la violence même de notre désir. Quand ce désir est assouvi par l'acquisition et la possession, ils cessent de nous intéresser. Nous les mettons à l'abri à cause de leur valeur marchande, de crainte de nous appauvrir si nous venions à les perdre. Bien plus grave encore est cette attitude s'il s'agit des créatures spirituelles, c'est-à-dire de nos frères que nous ne serions plus capables d'aimer pour eux-mêmes, mais simplement à la mesure des satisfactions ou des intérêts qu'ils nous rapportent. La contemplation de la nature, ou plutôt la contemplation de Dieu à travers son œuvre créée n'est donc possible qu'après une purification, un dépouillement, qui, pour François se confond avec la pauvreté. Celle-ci nous situe avec les créatures quelles qu'elles soient dans une humilité et une dépendance qui nous évitent de nous leurrer sur la vraie valeur des choses. Percevant les êtres comme donnés, nous ne pouvons nous approprier pour nous seuls ce qui est à la disposition de tous. Nous voilà prêts pour le partage et pour l'offrande. Nous voilà dépouillés pour reconnaître la beauté gratuite, offerte à tous, pauvres et riches. La valeur intrinsèque des choses leur vient de leur origine et de leur finalité dans l'ensemble des œuvres de Dieu.»

    (Luc Mathieu, Approche franciscaine du Mystère chrétien , Ed. Francisc., Paris 1999, p. 153)



    votre commentaire
  •  COMMENT SAINT FRANÇOIS, CHEMINANT AVEC FRÈRE LÉON, LUI EXPOSA CE QU’EST LA JOIE PARFAITE .


    Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte-Marie des Anges avec frère Léon, au temps d’hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donne­raient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n’est point la joie parfaite. » Et saint François allant plus loin l’appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait les aveugles voir, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l’ouïe aux sourds, le marcher aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. » Mar­chant encore un peu, saint François s’écria d’une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Ecritures, en sorte qu’il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. » Allant un peu plus loin, saint François appela encore d’une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère Mineur parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu’il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. » Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d’une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prê­cher qu’il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n’est point la joie parfaite. »

    Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l’interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie par­faite. » Et saint François lui répondit : « Quand nous arri­verons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frè­res », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et cha­rité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous persistons à frapper, et qu’il sorte en colère, et qu’il nous chasse comme des vauriens impor­tuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d’ici misérables petits voleurs, allez à l’hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le sup­plions pour l’amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu’il dise, plus irrité encore : « Ceux-ci sont des vauriens impor­tuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s’il sort avec un bâton noueux, et qu’il nous saisisse par le capu­chon, et nous jette à terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les nœuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pen­sant aux souffrances du Christ béni, que nous devons sup­porter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite. Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l’Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi­-même, et de supporter volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glori­fier, puisqu’ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l’Apôtre : « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu de Dieu ? Et si tu l’as reçu de lui, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu l’avais de toi-même? ». Mais dans la croix de la tribu­lation et de l’affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c’est pourquoi l’Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n’est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

    A qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.

     

    1 commentaire
  • Saint Francois et Sainte Claire ont recommandé à leur frères et soeurs de prier pour les défunts, il faut voir là un signe de charité et d'unité entre les frères et les soeurs de la terre et ceux qui nous ont précédés dans la même profession. C'est pourquoi la famille franciscaine ne se contente pas de célégrer tous ses saints chaque année (voir au 29 novembre) mais réserve une journée pour commémorer tous ses défunts en même temps que ses parents et amis décédés. Cette journée de communion fraternelle est avant tout une intercession pour nos fréres et nos soeurs, mais c'est aussi un regard de sympathie vers ceux qui nous ont précédés, avec comme nous, leurs vertus et leurs défauts, leurs joies et leurs peines, leurs échecs et leurs victoires.

    "loué soit-tu mon Seigneur pour soeur notre mort corporelle, de laquelle nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels, heureux ceux qu'elle trouvera en tres saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera aucun mal."

     


    votre commentaire
  •  L’ESPRIT FRANCISCAIN

    (Frère Luc Mathieu, ofm)



    - UN ESPRIT DE FAMILLE.


    - Peux-t-on qualifier l’esprit franciscain ? - Tempérament ; Psychologie ; convictions, attitudes, comportement... A la base, une spiritualité, et une expérience communautaire

    - A l’origine : la vie et l’expérience spirituelle de saint François d’Assise (XIII°s)


    - Une spiritualité...? C'est à dire la mise en pratique d’une théologie, d’une vision spirituelle du Mystère Chrétien (la Foi chrétienne), une conception de l’homme.

    Il existe de multiples spiritualités, dans l’Église, pour exprimer une même foi, et la mettre en pratique. Chacune repose sur l’expérience religieuse des grands spirituels.

    - Légitimité de ce pluralisme, déjà visible, dans les écrits apostoliques, et même dans nos 4 évangiles.


    - Un “abord” concret, de la spiritualité franciscaine


    — Une certaine façon de rencontrer Dieu (la relation personnelle aux Personnes divines)

    — Une certaine façon de connaître et de suivre le Christ.

    — Une certaine façon d’être libres, sous la mouvance de l’Esprit Saint.

    — Une certaine façon de rencontrer les autres.

    — Une certaine façon de contempler la création

    — Une certaine façon de vivre le Mystère de la Croix

    — Une certaine façon d’être heureux

    — Une certaine façon d’aimer l’Église.


    – ... de rencontrer Dieu...


    - Non pas une divinité anonyme, mais le Père de Jésus-Christ, le Fils bien-aimé du Père, l’Esprit d’amour qui nous vient du Père et du Fils. Importance de la doctrine trinitaire, pour François et ses disciples.


    - La prière franciscaine..., pas nécessairement une méthode ,

    mais gratuité, simplicité, confiance, familiarité.

    appuyée sur la prière du Christ et de l’Eglise.


    • Non pas un Dieu redouté, mais un Père confiant, miséricordieux, aimant et aimé

    – …de suivre Jésus-Christ...


    - avec un élan joyeux et définitif : l’adhésion sans retour;: suivre, plus qu’imiter.

    - Le Fils bien aimé du Père, le Très-Haut, le Seigneur

    - Notre Frère, qui a choisi humilité et pauvreté, qui s’est rendu proche des pécheurs.

    - Jésus contemplé dans son humanité humble et servante : l’enfant de Bethléem , le Seigneur Ressuscité, disponible pour nous “sous la modeste apparence du pain partagé” , l’homme souffrant par amour pour les pécheurs. Le Ressuscité qui accomplit la condition humaine, promise à la gloire.

    La Tradition franciscaine contemple le Christ comme Premier voulu et premier-aimé de Dieu, parmi toutes les créatures. «Tout a été créé par lui et pour lui...» (Col. 1, 15 ss).


    -–... d’être libres sous la mouvance de l’Esprit-saint...


    -L’Esprit qui sanctifie, qui atteste que nous sommes “enfants de Dieu”,

    - mais aussi l’Esprit qui “renouvelle toute chose” : l’esprit des Prophètes, qui continue d’animer l’Eglise, qui suscite des voies nouvelles, dans l’évangélisation, la vie chrétienne, l’affrontement au monde. - Tradition prophétique de la famille franciscaine.

    - L’apostolat “aux frontières” - Les initiatives nouvelles

    - La liberté des Fils de Dieu se vit en communion avec l’Eglise, dans le respect des charges et des charismes, dans la concertation avec les personnes, la confiance dans la bonne volonté des autres.

    - L’autorité vécue dans l’humilité, comme un service des personnes, pour les faire exister libres et les voir grandir.


    – ... de regarder les autres...


    - Toutes les créatures sont sorties de la main de Dieu ; les créatures spirituelles, – pour nous les personnes humaines –, ont du prix aux yeux de Dieu. Respect absolu des personnes, bienveillance “a priori” ; confiance dans la capacité de chacun de “devenir meilleur” , de se convertir, de devenir un saint, avec la grâce de Dieu. «Personne n’a le pouvoir de détruire en lui l’image de Dieu, il peut seulement la voiler ou la défigurer...» (St Bonaventure)

    - La Fraternité universelle ; Tous les hommes sont aimés de Dieu, tous ont été rachetés par le Christ, tous sont invités à entrer en communion avec les personnes divines.

    Nombreux exemples, dans la vie de François, de son accueil bienveillant des autres.


    – ...de contempler la création...


    C’est ce trait qui apparaît le plus souvent quand on interroge quelqu’un sur l’esprit “franciscain”. Mais souvent avec un certain contre-sens. Ni sentimentalisme excessif, ni optimisme béat, ni pur esthétisme. - L’attitude de François vis-à-vis du monde des créatures est une attitude de foi ;

    Foi en Dieu créateur, de qui tout vient, dans un dessein éternel, d’amour, de bonté, de partage.

    Dieu a tout créé par son Verbe : c’est dire que toute créature porte en elle-même une signification, un message, qui nous renvoient à l’auteur de toute chose.

    « Notre frère le Soleil...qui de Toi, Très-Haut, porte la signification...»

    L’homme est invité à contempler les créatures, comme des miroirs de la Puissance, de la Bonté , de la Beauté divines. -

    L’action de grâces pour les dons de Dieu accompagne tout usage des créatures, pour le bien de l’homme. - Le respect pour les œuvres de Dieu prépare le respect pour les créatures spirituelles qui contractent ainsi entre elles toutes une fraternité universelle, venue d’une filiation unique.

    La création est le “lieu” de notre salut.

    Cf François, déclaré “Patron de l’écologie”.- Sens de l’écologie chrétienne.


    • …de vivre le Mystère de la Croix…


    La suite du Christ passe par ce mystère de rédemption, non pas comme une fatalité malheureuse, mais comme une volonté de purification, d’accueil de la volonté de Dieu, de participation au Mystère du Christ-Sauveur. La contradiction, la souffrance, le renoncement ne sont pas recherchés, mais accueillis quand ils se présentent, comme des occasions d’offrande de soi-même par amour de Dieu et du prochain. Mais rien ne saurait nous ôter la joie de vivre en communion avec le Christ, et d’attendre de lui notre salut. .


    – ...d’être heureux...


    - Le bonheur d’exister est une forme d’action de grâce pour la bonté de Dieu, Père-Fils-Esprit-Saint.

    cf Claire d’Assise , sur son lit de mort: «Merci, mon Dieu, de m’avoir créée...!»

    - La simplicité dans le mode de vie, la confiance dans les autres, et surtout l’abandon entre les mains du Père, procurent la paix du cœur;

    - L’Evangile comme “règle de vie”, permet d’ordonner toutes choses et tous les événements, en les relativisant.

    - Partager son bonheur avec les autres est une forme de charité. Cela implique aussi la compassion avec ceux qui souffrent.

    – Suivre le Christ suppose une volonté habituelle de rectifier sans cesse sa vie, une conversion permanente, non-contradictoire avec la quête du bonheur.


    ...de se situer dans l’Église et de l’aimer...


    Les baptisés constituent l’Eglise du Christ : il n’y a pas lieu de distinguer l’Eglise pour désigner les responsables et le Peuple qui serait ses sujets. La dimension mystique de l’Eglise-Peuple de Dieu, c’est qu’elle est ici-bas la présence du Christ ressuscité, auquel nous adhérons pour notre sanctification. . Les médiations du Salut et de la Grâce viennent du Christ lui-même, dont l’Eglise et ses sacrements sont les signes.

    Mais François d’Assise invite à aimer l’Eglise et tous ceux qui la constituent, l’animent et la gouvernent.

    Il vénère dans les prêtres, non-pas l’homme pécheur, mais Celui dont ils sont le signe et qui agit par eux.


    - L’Eglise est une communauté en continuelle “réforme”, sous l’action de l’Esprit Saint. Entrer dans cette réforme, et y consentir, c’est d’abord se convertir soi-même. Mais c’est aussi prendre des attitudes prophétiques et se laisser conduire par l’Esprit.

    Là encore, le thème de la fraternité universelle éclaire la foi en la destinée de l’Eglise : l’Église visible, ici-bas, prépare son avenir : le Peuple de Dieu parvenu au Salut, grâce à l’unique médiation du Christ, Premier-né des créatures, Premier-né de l’humanité nouvelle.


    3 commentaires
  •  Ce grand Saint du moyen age n'a pas vécu dans un temps éloigné et révolu aujourd'hui. Il vit encore parmit nous de nos jour, ou plutot son esprit et ce qu'il a fait pour nous guidé toujours vers le Christ et Dieu est un model que beaucoup suivent encore aujourd'hui. Model de beauté de vie, de simplicité de l'évangile et de richesses d'amour communiquée aux autres, a toute la crétion du père.
    Mais voila, Francois est né homme, a vécu et est mort! voici quelques lignes qui racontent sa vie afin que vous puissiez entrevoir l'esprit de sainteté de ce personnage:
    François est issu d'une riche famille marchande d'Assise, en Ombrie. A sa naissance, sa mère le fait baptiser sous le nom de Jean. De retour de son voyage en France, son père, Pierre Bernardone, lui donne le nom de François, (Francesco: le français), qu’il gardera et par lequel il sera universellement connu.
    La jeunesse de François est tourmentée et marquée par les aspirations de son époque. Fils de riche commerçant, il mène la belle vie et organise les fêtes de ses congénères. A l'époque des révoltes et des communes, roturier, il fait la guerre à la noblesse d'Assise et de Pérouse. La bataille de Ponte San Giovanni, en novembre 1202 sera pour lui suivi d'une année d'emprisonnement. La maladie contractée durant sa captivité continue après son retour à Assise et l'oblige à calmer ses ardeurs.
    Il rêve alors de hauts faits d'armes pour devenir chevalier et acquérir un rang de noblesse. Mais tandis qu'il veut rejoindre l'armée de Gauthier de Brienne, un songe à Spolette lui fait abandonner ce projet. De retour à Assise, il abandonne peu à peu ses compagnies de fête et fréquente de plus en plus souvent les chapelles de la vallée.
    En 1205, alors qu'il est en prière devant le crucifix de la chapelle Saint-Damien, François entend une voix lui demandant de réparer son Église en ruine. Prenant l'ordre au pied de la lettre, il vend à Foligno des marchandises du commerce de son père pour pouvoir restaurer la vieille chapelle délabrée.
    Furieux des excentricités de son fils, Pierre Bernardonne exige qu'il lui rende des comptes et le convoque en justice. François, se réclamant d'un statut de pénitent qui le fait échapper à la justice laïque, sera alors convoqué par l'évêque. Lors de son audition sur la place d'Assise, au printemps 1206, François rend alors l'argent qui lui reste ainsi que ses vêtements et, se retrouvant nu, il dit à son père et à la foule rassemblée: «Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre; désormais je peux dire: “ Notre Père qui êtes aux cieux ”, puisque c'est à lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi». L'évêque d'Assise le prend alors sous sa protection. François part pour Gubbio. Revenant à Assise vers l'été 1206, il restaure successivement les chapelles de Saint-Damien, de Saint-Pierre, et de la Portioncule.
    Au début de 1208, dans la chapelle de la Portioncule, François comprend 
    enfin le message de l'Évangile: «Dans votre ceinture, ne glissez ni pièce d'or ou d'argent, ni piécette de cuivre. En chemin, n'emportez ni besace, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton» (Matthieu 10,9). Il se retire dans une pauvreté absolue, se consacrant à la prédication et gagnant son pain par le travail manuel ou l'aumône. Il change son habit d'ermite pour une tunique simple. La corde remplace la ceinture. il est probable que sa fréquentation des lépreux date de cette époque et de la stabilité qu'il pouvait trouver auprès de la léproserie voisine. Très vite, Bernard de Quintavalle et Pierre de Catane le rejoignent, puis d'autres encore et François se retrouve à la tête d'une petite communauté. En 1210, Innocent III, qui l'a vu en rêve soutenant la basilique Saint-Jean de Latran en ruines, valide verbalement la première règle rédigée par François régissant la fraternité naissante.
    Rapidement, l'ordre franciscain tel que l'avait conçu François est dépassé par son succès et s'organise contre les vœux du fondateur, si bien qu'après un voyage en Égypte et une rencontre étonnante avec le sultan (1219), François confie la direction de l'ordre à Pierre de Catane puis à Élie d'Assise. Il désapprouve également le goût naissant des Franciscains pour l'étude et l'enseignement, si bien qu'il refuse un jour d'entrer dans une maison conventuelle à Bologne lorsqu'il apprend qu'elle est surnommé «maison des frères» et qu'elle comporte une école.
    En 1221, durant le Chapitre général, il couche sur le papier la règle officielle qu'il veut donner à l'ordre. Ce texte, appelé aujourd'hui Regula prima, est jugé trop long et trop flou pour être praticable.
    En 1222, François se rend à Bologne où, à la demande de laïcs, il créera un 3e ordre après celui des frères mineurs et des sœurs pauvres: le Tiers-Ordre, appelé aujourd'hui Fraternité séculière.
    En février 1223, François se retire dans un ermitage pour reprende la rédaction de la règle. Celle-ci sera discutée au chapitre de juin puis approuvée par la bulle Solet annuere du pape Honorius III, d'où son nom de Regula bullata.
    En août 1224, François se retire avec quelques frères au monastère de La Verna. Le 17 septembre (3 jours après la fête catholique de la Croix glorieuse), il reçoit les stigmates. Désormais, il est souvent malade, et est en proie à des crises d'angoisses. Il se réfugie dans une hutte près de l'église Saint-Damien, où il avait commencé son itinéraire spirituel et où vit la communauté des sœurs pauvres initiée par Claire d'Assise. Il y écrit 
    son «Cantique du soleil» (ou «Cantique des créatures», premier texte en italien moderne), célébration de Dieu en sa création, et l'un des grands poèmes italiens. Il meurt le 3 octobre 1226, laissant derrière lui un Testament où il professe son attachement à la pauvreté évangélique et à la Règle

    votre commentaire