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    Pauvreté, admiration et contemplation


    «Ce qui ternit trop souvent le regard que nous portons sur les êtres, c'est le désir, la volonté d'accaparer; nous voulons posséder des objets qui prennent à nos yeux leur valeur de la violence même de notre désir. Quand ce désir est assouvi par l'acquisition et la possession, ils cessent de nous intéresser. Nous les mettons à l'abri à cause de leur valeur marchande, de crainte de nous appauvrir si nous venions à les perdre. Bien plus grave encore est cette attitude s'il s'agit des créatures spirituelles, c'est-à-dire de nos frères que nous ne serions plus capables d'aimer pour eux-mêmes, mais simplement à la mesure des satisfactions ou des intérêts qu'ils nous rapportent. La contemplation de la nature, ou plutôt la contemplation de Dieu à travers son œuvre créée n'est donc possible qu'après une purification, un dépouillement, qui, pour François se confond avec la pauvreté. Celle-ci nous situe avec les créatures quelles qu'elles soient dans une humilité et une dépendance qui nous évitent de nous leurrer sur la vraie valeur des choses. Percevant les êtres comme donnés, nous ne pouvons nous approprier pour nous seuls ce qui est à la disposition de tous. Nous voilà prêts pour le partage et pour l'offrande. Nous voilà dépouillés pour reconnaître la beauté gratuite, offerte à tous, pauvres et riches. La valeur intrinsèque des choses leur vient de leur origine et de leur finalité dans l'ensemble des œuvres de Dieu.»

    (Luc Mathieu, Approche franciscaine du Mystère chrétien , Ed. Francisc., Paris 1999, p. 153)



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