• Hymne à Dieu

     Au-delà de tout, est-il permis de chanter autrement ?

    Comment la parole te célébrera-t-elle

    Puisque aucune parole ne t’exprime ?

    Comment l’intelligence te percevra-t-elle

    Puisque aucune intelligence ne peut le saisir ?

    Toi, le seul inexprimable,

    Car tout ce qui est exprimé est issu de toi.

    Toi, le seul inconnaissable,

    Car tout ce qui se conçoit est issu de toi ?

    Tous les êtres, ceux qui parlent

    Et ceux qui sont privés de parole,

    Te proclament,

    Tous les êtres, ceux qui pensent

    Et ceux qui sont privés de pensée,

    Te rendent hommage,

    Vers toi se rend le désir universel,

    Vers toi l’universelle gestation.

    A toi tout ce qui existe adresse sa prière,

    Pour toi tout ce qui conçoit

    Ce que tu unis en toi

    formule un hymne silencieux.

    Pour toi seul tout subsiste, vers toi,

    Tout s’élance en un bloc compact.

    Tu es la fin de tous les êtres.

    Tu es unique, tu es tout et tu n’es personne.

    Tu n’es pas l’Un et tu n’es pas le Tout.

    Toi qui as tous les noms,

    Comment te nommerai-je,

    Toi le seul innommable ?

    Ces voiles qui sont par-dessus les nuages,

    Quelle céleste intelligence les pénétrera-t-elle ?

    Aie pitié,

    Au-delà de tout :

    Est-il permis de te chanter autrement ?

    Grégoire de Nazianze (330 – 390)


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  • Pardonne-moi mes silences

     Seigneur, pardonne-nous nos silences

    Quand il fallait parler.

    Pardonne-nous nos vaines paroles

    Quand il fallait agir.

    Pardonne-nous d’avoir confondu

    Ton Évangile avec nos sagesses.

    Pardonne-nous d’avoir restreint notre service

    À ceux qui nous plaisent.

     

    Pardonne-nous notre médiocrité,

    Notre manque d’amour et de générosité.

    Pardonne-nous nos offenses

    Comme nous pardonnons

    À ceux qui nous ont offensés,

    Et apprends-nous à pardonner

    Sans blesser ceux que nous pardonnons.

    Par le Christ, notre Sauveur. Amen.

     

    Anonyme 


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  • Désert

    Je veux t’aimer, Seigneur, pour rien.

    Je veux surtout que, dans ma vie,

    La prière soit le refuge de la liberté et du gratuit.

    Perdre mon temps, ce temps si précieux, pour toi.

    Le donner largement, en pure perte, sans calcul.

    Mon oraison est bien distraite,

    Elle n’est pas une fleur de qualité,

    Mais c’est la seule pâquerette

    Que j’ai trouvée sur ma pelouse.

    Je ne cherche pas la gloire d’être un homme de prière ;

    Seulement la joie de t’aimer comme je peux, pauvrement.

    J’ai passé des semaines et des mois arides comme un désert.

    Pas de fleurs à l’horizon.

    Pas beaucoup de temps pour prier.

    Mais ce désert, je l’ai traversé parce que je t’aime un peu.

    Et cette traversée vaut peut-être

    Un perce-neige dans mon bouquet.

    Il faudra encore beaucoup de patience,

    De longues heures devant toi et bien des services humbles,

    Bien des déserts aussi, pour atteindre la gratuité.

    Je te la demande, Seigneur.

    Je n’ai rien pour la payer.

    Mais comment paierait-on une telle richesse ?

    Jean Canivez.


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  • Ne Pleure pas si tu m’aimes.

     La mort n’est rien

    Je suis seulement passé de l’autre côté

    Je suis moi-Tu es toi

    Ce que nous étions l’un pour l’autre,

    Nous le sommes toujours.

    Donne-moi le nom

    Que tu m’as toujours donné.

    Parle-moi comme tu l’as toujours fait.

    N’emploie pas un ton différent.

    Ne prends pas un air solennel ou triste.

    Continue à rire de ce qui

    Nous faisait rire ensemble…

    Prie, souris, pense à moi,

    Prie avec moi.

    Que mon nom soit prononcé à la

    Maison comme il l’a toujours été.

    Sans emphase d’aucune sorte,

    Sans une trace d’ombre.

    La vie signifie toujours

    Ce qu’elle a toujours signifié.

    Elle est ce qu’elle a toujours été.

    Le fil n’est pas coupé.

    Pourquoi serai-je hors de ta pensée ?

    Simplement

    Parce que je suis hors de ta vue ?

    Je ne suis pas loin,

    Juste de l’autre côté du chemin…

    Tu vois, tout est bien…

    Tu retrouveras mon cœur,

    Tu en retrouveras les tendresses

    Épurées.

    Ensuite tes larmes

    Et ne pleure pas si tu m’aimes.

    Saint Augustin 


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  • Bénis l’esprit brisé des souffrants

     Bénis l’esprit brisé

    Des souffrants,

    La lourde solitude des hommes,

    L’être qui ne connaît nul repos,

    La souffrance qu’on ne confie

    Jamais à personne.

     

    Et bénis le cortège

    De ces noctambules

    Que n’éprouvante pas le spectre

    Des chemins inconnus.

    Bénis la misère des hommes

    Qui meurent en cette heure.

    Donne-leur, mon Dieu

    Une bonne fin.

    Bénis les cœurs, Seigneur,

    Les cœurs amers.

    Avant tout

    Donne aux malades

    Le soulagement,

    Enseigne l’oubli

    À ceux que Tu as privés

    De leur bien le plus cher.

    Ne laisse personne sur la terre entière

    Dans la détresse.

     

    Bénis ceux qui sont dans la joie, Seigneur,

    Protège-les

    Moi, Tu ne m’as jamais,

    À ce jour, délivrée de la tristesse.

    Elle me pèse parfois beaucoup.

    Néanmoins Tu me donnes Ta force

    Et je peux ainsi la porter.

    Edith Stein


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